Bonjour à tous.
Je voulais vous parler de ma passion première : l'écriture. Depuis quelques années déjà, j'écris régulièrement. En 2017 je me suis lancée un défi : participer au concours des plumes francophones sur Amazon Direct publishing. Comme j'ai commencé très en retard, je n'ai eu que 24 jours pour tout boucler : écriture, correction, mise en page et couverture. Vous pouvez commander le livre ici : https://www.amazon.fr/Morveux-Rouketland-Layla-AMMAR-DHIMEL-ebook/dp/B0751HVK5B
Je vous poste un extrait juste en bas. N'hésitez pas à me donner vos impression. Personellement je rêve d'en faire un film familial pour Netflix (on a le droit de rêver).
Bonne Lecture !
Vous remarquerez que généralement les gosses de riche sont plus polis, plus propres sur eux, ont de meilleurs résultats scolaires et sont plus épanouis que les rejetons des démunis. En effet, ils vivent dans un environnement intellectuellement stimulant, avec des parents souvent surdiplômés qui les surveillent de près et qui ont les moyens de les inscrire dans les meilleures écoles privées et de leur acheter les plus beaux vêtements de créateurs. Des parents généralement responsables qui les poussent à lire au lieu de comater devant des programmes de télé-réalité, véritables armes de destruction massive de la morale et de l’intelligence humaine. Des parents investis, qui les emmènent au cinéma, au théâtre, à des expositions, à des concerts, en week-end dans des parcs d’attractions, en vacances d’hiver à Chamonix, en vacances d’été sur des plages paradisiaques. Des parents très travailleurs, qui lorsqu’ils sont absents, ne manquent pas d’engager les meilleurs nounous pour s’occuper d’eux de la même manière qu’ils le font au quotidien, à savoir diriger les devoirs, préparer un bon dîner bio, veiller à ce qu’ils se brossent les dents, leur lire une belle histoire avec une morale et les mettre au lit à 20 h 00. Beaucoup de ces enfants auront encore des nounous à l’âge adulte, qu’on appelle gardes du corps, ou encore gouvernantes. Après de longues années d’études dans des écoles prestigieuses financées par papa et maman, sans qu’ils n’aient à trimer dans des jobs fastidieux qui les empêcheraient de réviser correctement, ils trouveront un emploi haut placé dans la politique, la finance, la justice ou bien s’illustreront dans la recherche, la médecine ou l’audiovisuel entre autres. Ils exerceront un métier qu’ils aiment et qu’ils ont choisi. Ils n’auront pas mal au dos en rentrant le soir. Ils ne se serreront pas avec tous les travailleurs défavorisés et les mendiants dans les transports en commun nauséabonds. Ils ne sentiront pas la sueur ou le poulet rôti. Ils n’auront pas les ongles noircis ni les mains gercées. Ils ne s’endormiront pas dans le métro et ne se feront pas détrousser leurs deux sous par des pickpockets sans scrupules. Avec les bien-nés, la vie sera toujours plus clémente. Ils seront aussi radieux qu’au réveil, la mèche sur le côté impeccablement lissée, les chaussures de luxe vernies, les vêtements taillés sur mesure mettant en valeur leur silhouette svelte à la perfection. Après leur journée de travail intéressante et épanouissante, ils auront le temps de se mettre sur leur trente-et-un et de sortir boire un verre avec d’autres amis du même milieu social, ou de retrouver un rencart au restaurant cinq étoiles du coin, se déplaçant à bord de leur Bentley, leur Ferrari ou leur Lamborghini, la puissance du moteur leur donnant presque l’impression de voler vers les étoiles.
Nos trois petits morveux n’ont pas eu cette chance. Youssef, Maxence et Julian, six printemps au compteur, vivaient, ou plutôt survivaient à Rouketland, le quartier le plus pourri de Hessville, qui elle-même était la ville la plus crève-la-faim du 93, et peut-être même de toute la région parisienne. Youssef vivait avec Hakim, son grand frère âgé de douze ans, Soumia, sa mère auxiliaire de vie, et Chérif, son père chômeur depuis presque deux ans qui a osé le concevoir alors qu’il avait déjà quarante-neuf ans. Son père était maçon mais à son âge, difficile de continuer. Il s’était arrangé pour se faire virer de sa boîte au lieu de démissionner, afin de pouvoir toucher les allocations chômage. Malheureusement pour lui elles allaient bientôt s’arrêter, alors il commençait à chercher un boulot moins physique en attendant la retraite, si elle voulait bien venir avant qu’il ne claque. Vous vous demandez sûrement quel est l’âge de sa femme, vous vous dîtes peut-être : « -l’auteure a commis une erreur, elle a oublié un détail » Je ne vous donnerais pas l’âge de Soumia car cela ne se fait pas de donner l’âge des dames. Disons qu’il se situe quelque part entre celui de Hakim et celui de Chérif. Je peux seulement vous dire que cette femme ne compte plus ses heures de travail. Etant donné qu’ils gagnent moins bien leur vie depuis que Monsieur a décidé de prendre un congé sabbatique, elle devait travailler toujours plus et rentrait épuisée. Malgré ses muscles endoloris par le travail acharné, malgré son manque de sommeil flagrant, ses cernes creux, ses poches dégoulinantes, malgré son appétit envolé avec sa bonne humeur, et bien elle ne faisait de peine à personne. Ni son fils aîné ni son cher et tendre ne lui donnaient le moindre coup de main. Ils étaient plutôt du genre à donner des coups de pieds dans les objets qui trainaient ou dans les portes pour passer leurs nerfs d’adolescent en pleine crise et de « chibani » furax. Ils étaient tout simplement impitoyables. Et Youssef n’y pouvait rien, il était bien trop jeune pour les tâches ménagères. Il commençait tout juste à ranger le peu de jouets qu’il avait dans son coffre à jouets, car il ne voulait pas qu’ils s’abîment. Hakim et Chérif ne sortaient le nez de leurs écrans respectifs que lorsque le dîner était prêt. Et c’était souvent le même triste repas : pâtes à la sauce tomate ou pizza surgelée. Et cette tambouille infâme était souvent source de disputes :
« -J’en ai marre de manger tout le temps la même chose, t’étais pas comme ça quand je t’ai épousée Soumia, tu me déçois, commençait Chérif.
-Si tu n’avais pas arrêté de travailler, je serais restée à mon poste à mi-temps et j’aurais eu plus de temps pour cuisiner Monsieur ! J’en ai assez, je ne suis pas une machine, je ne suis pas votre esclave ! Laver un verre ne va pas vous ronger la peau, à toi et à ton fils, renchérissait Soumia.
-C’est vrai maman, c’est dégoutant cette pizza. Tu pourrais au moins en acheter des vraies à la pizzeria, ajoutait Hakim.
-Ferme ta bouche, toi, tu parles pas comme ça à ta mère, lançait chérif. »
Et après les protestations de l’adolescent, il finissait par lancer également sa babouche, en plein sur le front du fils indigne. Ca lui ferait une belle trace en souvenir pour quelques temps. Après la tempête, le calme revenait, et tout le monde allait se coucher, le couple dos à dos et les garçons l’un au dessus de l’autre, sur leurs lits superposés miteux.